C’est en travaillant avec les pompiers du Bureau Enquête Incendie (BEI) que j’ai ouvert les yeux sur les tatouages. Parmi eux, à peu près 80% de tatoués à différents endroits du corps. Et au fil des discussions, je découvrais leurs significations.

Des symboles d’appartenance à ce « clan », cette unité, des motifs de protection contre les risques qu’ils prennent quotidiennement. Et des dates rappels pour ne pas oublier un collègue parti avant l’heure ou pour garder sa famille près de soi. Un sens caché et des histoires qui m’ont touché au point de me donner envie d’aller plus loin.

Les pouvoirs de la peau

Après cette découverte, je me suis plongée dans le livre « Les pouvoirs de la peau » de Gérard Guillet, pour comprendre un peu plus le sujet. Un ouvrage facile à lire et passionnant qui retrace l’histoire des tatouages à travers les époques et les cultures, de l’Alaska à la Nouvelle-Zélande.

Ce qu’il explique, c’est que le tatouage a toujours existé et que l’on retrouve des significations qui sont les mêmes à des époques et dans des cultures pourtant éloignées. Par exemple, en Afrique et en Sibérie, les femmes se tatouaient les lèvres en bleu pour renforcer le charme et assurer leur protection. Ainsi, il insère sous la peau quelque chose de spirituel. D’ailleurs, le mot tatouage vient du polynésien « ta atouas » qui signifie « dessin de l’esprit ».

D’autres exemples sur le sens des tatouages m’ont fascinée, je les ai d’ailleurs regroupés sur Facebook. En Polynésie toujours où le tatouage recouvrait le corps des hommes et des femmes prestigieux, racontant leur vie et indiquant leur rang social. En Russie où les mafieux indiquaient leur fidélité au groupe en se tatouant des étoiles sur les genoux. En Asie, où les symboles de protection s’associaient aux motifs d’appartenance à un gang. Et à une autre période, en Europe où les marins se reconnaissaient entre eux grâce à leurs tatouages.

A notre époque, il a été popularisé par quelques stars et chanteurs dans les années 90, mais ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre, c’est également le regard de l’auteur sur la peau qui se pare, se soigne, se camoufle, se bronze, etc. et qui enregistre notre histoire. Comme il le dit, la peau «  peut nous livrer des messages et cacher des secrets sans jamais cesser d’enregistrer au plus profond d’elle-même le souvenir d’événements visibles ou invisibles qui se gravent en elle ».

Ce qu’en pense l’experte en communication non verbale

En tant que professionnelle de la communication non verbale, ce sujet m’interpelle : la peau est, comme le souligne Gérard Guillet, un vecteur de communication.

En ce qui concerne le tatouage, la question que l’on peut se poser est celle de la visibilité ou non du motif. Garde-t-on pour soi ce message intime ou l’affiche-t-on fièrement à tous ? Dans quelles circonstances le couvre-t-on, dans quelles circonstances le découvre-t-on ? Je suis convaincue qu’il y a un lien entre ces choix et la symbolisation de chaque partie de notre corps.

De même, je pense qu’il y a encore beaucoup d’idées-reçues sur les personnes tatouées, qu’il faut donc prendre en compte lorsque l’on choisit l’endroit de son corps que l’on va recouvrir.

S’il est visible, le tatouage a forcément un impact sur la communication et, même s’il revêt un sens particulier pour son porteur, il résonnera peut-être différemment dans l’histoire et les croyances de la personne en face de lui, en positif comme en négatif. C’est quelque chose que je conseillerais de ne pas ignorer, tout comme les autres composantes de son image. Le savoir, c’est réaliser son tatouage en pleine conscience.

Dans tous les cas, je suis définitivement réconciliée avec les tatouages qui racontent une histoire et revêtent une part de spiritualité, ce qui n’est pas malheureusement pas le cas de tous. Je voulais partager avec vous cette belle découverte !

D’ailleurs, n’hésitez pas à me dire si vous êtes vous-mêmes tatoués et quel sens ces tatouages ont pour vous !